Aujourd'hui,
avec l'expérience, je fais ce constat : qu'importe l'âge, le public ou le lieu pour transmettre la culture hip-hop, l'unité est un message que je perpétue. Nos cultures sont des richesses pour la paix, qui grandissent lorsqu'elles sont partagées. Elles évoluent, se diversifient pour que chacun puisse s'ouvrir aux autres. C'est pour cela que j'encourage vivement toutes les initiatives hip-hop qui laissent une grande place à la paix où chaque différence, chaque singularité peut s'exprimer !
Je tiens à remercier tous les enfants, jeunes et moins jeunes qui soutiennent et enrichissent ces cultures de rue, les acteurs du MOUVEMENT HIP-HOP qui ne cessent de les développer en leur donnant du sens au travers de leurs messages et ainsi ne laissent pas de place à l'ignorance, les acteurs sociaux et culturels qui créent des espaces d'expression et permettent d'amplifier le message positif du hip-hop et des arts urbains. Je remercie toutes ces familles qui ont su nous faire partager leurs cultures différentes, leur liberté, le respect des autres ...
J'ai toujours donné de l’importance aux messages, à la culture et aux techniques que véhiculent mon expression artistique. Je les transmet au travers d'ateliers, de stages, de formation, auprès du plus grand nombre et je partage avec vous l'essentiel de ma pratique artistique (graffiti, aérograttage, spray painting, calligraphie) sur mon site web.
N'hésitez pas à m'envoyer vos informations et documents pour enrichir ensemble ce sujet !
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GRAFFITI ... HIP-HOP ... ET CULTURES URBAINES ...
Le Tag, le Graffe(1) et le Hip-Hop sont nés dans les grandes cités, les quartiers défavorisés et les ghettos noirs aux Etats-Unis.
En France, ils ont retrouvé la force de leurs origines dans les banlieues, là où ont été construits “les grands ensembles”. Cependant, à la différence des Etats-Unis, toutes les classes sociales se sont accaparées du Mouvement hip-hop. Il est représenté aujourd’hui par une génération multi-ethnique et multi-culturelle qui se reconnaît dans sa philosophie et ses modes d’expression, c’est ce qui fait sa spécificité.
Pour explorer le “graffe”, il est important d’expliquer sa filiation avec le hip-hop et d’abord de remonter à la source de cet art ... c’est-à-dire au “MOUVEMENT GRAFFITI”, afin de mieux comprendre cette nouvelle expression urbaine et son inscription dans le champ de “l’art contemporain”.
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LE MOUVEMENT GRAFFITI
Les origines, les influences culturelles et artistiques, les précurseurs :
Le graffiti(1) n’est certes pas une expression nouvelle et sa matérialité, en quelque sorte, naît de la rencontre de l’événement et du sujet porteur de pulsions, cet acte de cette pulsion anarchique qui apparaît déjà dans les traces laissées par l’archéologie antique.
C’est-à-dire que cette forme d’expression renvoie aux instincts primaires de l’homme(2), instincts qu’ont abondamment recherché les Surréalistes sur fond historique de recours aux civilisations primitives depuis la découverte d’Altamira (en Espagne, dans la province de Santander : grottes préhistoriques ornées de peintures rupestres, découvertes en 1879, datées du magdalénien moyen) jusqu’à l’arrivée de L ’ A rt Nègre dans la première décennie du XX° siècle et du Mouvement Muraliste, qui ont exploré le Primitivisme.
Mais les mouvements de l’art font entrer ce processus de “dégradation” à part entière (“sgraffignare” signifiant “escamoter” en italien) dans le champ de la création artistique. Aussi la recherche scientifique d’une entrée dans l’histoire de la création artistique du XX°siècle trouve-t-elle un légitime fondement; ceci nous renvoie également aux écritures automatiques pour l’apparition du tag, qui n’est qu’une signature rapidement posée sur n’importe quel support.
De la même façon, on peut trouver une origine à l’esthétique en “brake” (écritures scandées du mouvement hip-hop) ailleurs que dans le “cut up” (inventé par l’écrivain américain William Burroughs : en coupant des textes imprimés, s’aidant du hasard, on recompose des nouveaux issus des bribes de l’ancien), dans l’écriture de Gertrude Stein (femme de lettres américaine, vivant en France, a influencé les romanciers de la “génération perdue”), avec la figuration des peintres futuristes et notamment à travers l’exemple bien connu du “Nu descendant l’escalier” de Marcel Duchamp (1912).
(1) Graffiti : mot italien signifiant "dessin gravé", vient du verbe italien ”graffiare” qui veut dire graver.
(2) “Le livre du graffiti” D. Riout, D. Gurdujian, J. P. Leroux, Paris éditions alternatives, 1990.
Les Surréalistes quelque peu héritiers du “Mouvement Dada” publient l’oeuvre de Brassaï sur les graffitis, dans “Minotaure”, célèbre revue d’art autour des années 1920, offrant l’intérêt, la valeur esthétique des graffitis, tout comme Dubuffet :
“J’aimais cette fraîcheur, cette recherche continuelle de nouvelles choses, en dehors de l’ art officiel. J’ai contribué moi aussi au mouvement, les graffitis. C’était ma découverte, mon invention. Les premières images, accompagnées d’un de mes textes avec un titre d’Eluard “Du mur des cavernes au mur d’usine”, sont parues dans “Minotaure”. Mais je n’aimais pas leur romantisme. J’ai appris chez Goethe à vaincre les idées romantiques, à rechercher le merveilleux dans les choses les plus banales. Être étonné avec le banal et non pas avec l’étonnant ! c’est cela qui est important !”(1).
Les figurations de Paul Klee et de Jean Dubuffet, postérieures, s’inscrivent dans cet esprit et ce qui explose à la fin du XX° siècle, par le vecteur de la révolte, c’est aussi une continuité de l’explosion des années 1910.
Tout n’appartient certes pas au champ des inventions des années ”10”, mais l’essentiel est là. Les techniques de bombage, qui peuvent être celles du tag viennent du métro new-yorkais et arrivent théoriquement en Europe en 1984 par la publication d’un livre-album intitulé “Subway Art”(2).
A partir de là, les techniques au pochoir peuvent entrer dans l’acte rapide de peindre : un coup de bombe sur un pochoir et le mur est peint ... et c’est l’image d’Arthur Rimbaud qui est la plus représentée par cette technique ... La nouvelle liberté et la libération de la peinture, tant par ses supports reconnus que par les expressions de ruptures par lesquelles on ne craint plus ni le beau ni le laid, ni le lisible ni l’illisible, entraînent la combinaison d’écritures qui expriment un mouvement de révolte à valeur de message, mais aussi des compositions de plus en plus grandes pour des temps d’exécution restreints puisque codifiés avant intervention.
Nous en arrivons aux “picturo-graffitis” qui sont de véritables murs peints à réelle valeur artistique. Il faut remarquer que des artistes graffitis célèbres comme Jean-Michel Basquiat, Futura 2000, commencent leur carrière par des peintures de rue.
Le mouvement est parallèle autant aux U. S. A. qu’en France et la rencontre des années 1980 de ces tendances picturales qui ont des origines différentes, des mythes fondateurs venus de tous les coins de la planète, ont aussi ce tronc commun extrêmement puissant de la culture occidentale du XX° siècle depuis les nouveautés des années 1910.
(1) Brassaï, écrivain et photographe, “entretiens radiophoniques avec Roger Grenier, en 1964, dans la série Entretiens sur France Culture”, Télérama du 22 au 28/04/00, N° 2623.
(2) “Subway Art” Henry Chalfant et Martha Cooper, Londres, éditions Thames et Hudson, LTD 1984.
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“LE MYTHE DE L’ARTISTE MAUDIT”
Tout se passe comme si ces lieux choisis pour les graffitis produisaient, généraient eux-mêmes ces “fleurs du mal”, sortes de tags, de contre- signes économiques.
La répression policière est acharnée. Aux Etats-Unis, dans les années 70, une véritable chasse aux tagueurs avait été mise en place par le maire de New-York, Lindsay, les qualifiant de “sale vengeance(1), vandales, lâches dangereux”.
“Au milieu des années 80, alors qu’ une élite “d’ artistes aérosol” exposait dans les galeries : Futura 2000, Jean-Michel Basquiat ... et faisait la une des médias, les cinq mille tagueurs recensés devaient faire face à une politique très répressive”(2).
Les années 80 voient également la renaissance du mythe de “l’artiste maudit” poursuivi par les autorités.
En France, les peines encourues sont très sévères(3) et dépassent largement celles encourues pour des délits de pollution, par exemple. De plus, quand on sait la position de “la loi” face aux affaires frauduleuses, criminelles, mafieuses, en particulier dans le monde politique avec l’implication d’hommes puissants, qui sont censés représenter “le peuple”, il y a vraiment de quoi s’interroger et être révolté face à une justice qui n’inquiétera pas vraiment ceux qui ont le pouvoir économique !
L’expression et la démarche picturale de cet art populaire ne font pas le poids face aux lobbies des sociétés, dès le moment où la place de l’artiste n’est pas reconnue ou reconnue seulement par une “élite” académique, politique, religieuse ...
A chacun de réfléchir s’il veut être dirigé ou s’il veut seulement “être !”
(1) Sale vengeance : signifie vulgairement “sale race”, catégorie de personnes qu’on méprise.
(2) “Ca bombe en ville”, article de Julien David, Télérama N° 2597 du 20/10/1999.
(3) “Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 25 000 F. d’amende (peine maximale), s’il y a peu de dégâts, de 3 ans d’emprisonnement et 300 000 F. d’amende pour la détérioration d’un bâtiment public, de 5 ans de prison et 500 000 F. d’amende si le tag vise un magistrat, un juré, un avocat ou tout officier public (art 322-1 et suivants du code pénal)”. Texte datant de l’année 2000 à ré-actualiser en euros.
“La Culture hip-hop”, Hugues Bazin, éditions Desclée De Brouwer.
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L’INSERTION DANS L’ART CONTEMPORAIN AUJOURD’HUI
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LA CULTURE HIP-HOP
Avant d’aborder le “graffe”, il faut d’abord parler de la culture hip-hop (parce qu’il s’agit bien d’une culture plus qu’un simple mouvement), pour comprendre le contexte de sa naissance, ses caractéristiques sociales, culturelles, historiques et économiques, son évolution.
Le HIP-HOP(1) est né aux Etats-unis dans les années 70, dans le quartier du Bronx à New-York, mais aussi dans le même temps à Los Angeles, à Philadelphie ... en réaction aux violences de quartiers et aux fléaux du ghetto : crime, drogue, racket, guerre ethnique ; un D.J. (Disc Jockey) afro-américain, Afrika Bambaataa, venant de perdre son meilleur ami, tué dans un règlement de compte, fonde un mouvement appelé la “ZULU NATION” (en référence au peuple Zoulou d’Afrique Du Sud).
Son but : “Refuser toute discrimination raciale, religieuse ou politique, s’identifier à des valeurs positives, renforcer un sentiment d’appartenance et détourner l’agressivité, l’énergie négative à travers des défis artistiques”.
C’est alors que furent lancées des expressions comme le Dj’ing, la danse hip-hop, puis le rap, le graffe, un mouvement avec un style vestimentaire, un langage (le verlan), un état d’esprit, un mode de vie ; c’est le signe d’une profonde évolution. Le hip-hop se répand dans le monde entier. L’idéologie du Hip-Hop en fait une culture universelle.
C’est par le rap que le hip-hop fit son entrée en France au début des années 80, puis dans les années 87/88, l’art du graffiti. A partir des années 90 se créée ce qu’on appelle aujourd’hui la scène rap française, puis la reconnaissance de la danse hip-hop.
Rappelons qu'il ne faut pas assimiler la culture des ghettos ou de guerre de gangs comme ce fut la cas aux Etats-Unis, au hip-hop français ; la culture hip-hop en France a trouvé sa voie, son originalité et a développé ses propres styles.
Le hip-hop, c’est une culture de masse, une culture populaire, un état d’esprit, des expressions artistiques rassemblées autour de trois pôles, qui seront définis plus loin : musical (rap, ragga, Dj’ing), corporel (break dance, smurf, hype, double dutch), graphique (tag, graffe), le tout englobé dans un culture urbaine (mode de vie, langage, mode vestimentaire, état d’esprit, économie ...).
LES MODES D’EXPRESSION DU HIP-HOP, DES ORIGINES A NOS JOURS :
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LE RAP
Première discipline artistique du hip-hop avec les Dj’s, le rap(1) est avant tout un texte scandé, improvisé ou non. Le rappeur est le maître des mots “le MC” (Maître de Cérémonie ou Maître des Contes). Le rap représente le retour primordial de la parole.
D’influence jamaïcaine, des musiques populaires des ghettos noirs, il s’inscrit ensuite dans les différents styles de musiques noires aux Etats- Unis (blues, jazz, gospel, soul, funk). Il ne fait que perpétuer une tradition orale très ancienne, d’influence africaine avec les “Griots”, qui de village en village racontaient en chantant les événements de la vie courante, s’aidant d’instruments de musique traditionnels comme la kora ou le tambour, pour rythmer les mots.
Puis, dans les champs de travail des minorités noires(2), le “holler” ou “holler field” (première forme du rap) était le moyen d’exprimer sa condition de vie souvent misérable, en raison de l’esclavage, par des paroles brèves et rythmées en “appel-réponse”.
Tout comme le “toast”, dans les années 1910/1920, aux Etats-Unis, relatait un fait d’actualité, sur un style narratif, l’interprétation variant selon le narrateur. Plus proche de nous, le “prêche” (ou “preaching” en anglais) est une exhortation religieuse des populations noires et un discours politique extrêmement puissant, comme le faisaient Martin Luther King, Malcom X, les Blacks Panthers, dans le but de lutter contre la ségrégation raciale.
On retrouve dans le rap ces inspirations issues de ces différents contextes sociaux et culturels significatifs des conditions de vie souvent très difficiles à travers les temps.
Tous les thèmes de la vie sont évoqués encore aujourd’hui, à partir de valeurs très fortes de respect, de liberté, d’émancipation. Se prendre en charge, devenir acteur de sa propre vie, ne pas subir le système(3) ..., sont entre autres des messages politiques véhiculés dans le rap.
(1) “To rap” : bavarder, baratiner.
“La culture hip-hop”, Hugues Bazin, éditions Desclée De Brouwer.
(2) “Le Tempo de mon imagination me rappelle que ma musique est née dans les champs de coton”, paroles d’IAM, groupe de rap de Marseille, dans “L’école du micro d’argent” 1998.
(3) “Oui à la culture pour bâtir mon futur !”, paroles d’Assassin, groupe de rap de Paris, dans “Le futur, que nous réserve-t-il ?” 1992.
Le rap apparaît comme un message agressif, de rébellion systématique contre un pouvoir qui ne reconnaît pas les plus démunis.
Dans le rap, toutes les tendances sont représentées : aux Etats-Unis, dans les années 70, il a débuté avec “Grand Master Flash” , “Last Poets” puis “Public Enemy”, des rappeurs très engagés, n’hésitant pas à dénoncer dans leurs textes les injustices (la misère, l’esclavage) dont sont victimes les populations noires depuis toujours : “Pour que la communauté noire se prépare à un changement, il faut qu’elle prenne la loi en main !”(1).
Le rap arrive en France dans les années 80, accaparé par les médias : “Radio 7” avec des rappeurs et D.J. connus comme Dee Nasty et Lionel D, puis la télévision en 1984, avec l’émission “hip-hop”, animée par Sidney (danseur hip-hop). Le rap semble disparaître avec l’arrêt de cette émission en 1985, mais c’est de nouveau dans les années 90 avec les tendances “groove” (poétique) avec Mc Solaar, modérées et régionalistes avec IAM ou “hardcore” (engagé, revendicatif) avec les groupes Assassin, NTM, qu’il revient sur le devant de la scène.
Il ne faut pas oublier qu’au même titre que le rap, le “ragga”(2) (issu du mouvement reggae), fait partie intégrante du hip-hop avec un groupe français célèbre “Saï-Saï” ou le chanteur antillais “Tonton David” (chanteurs raggamuffin). L’inter-dépendance entre le mouvement Rasta (Bob Marley, Alpha Blondie en sont les référents les plus connus !) et Zulu est indéniable. Ils se rejoignent dans l’idéologie, dans le message (la non-violence, la lutte contre la ségrégation raciale), par leurs liens originels à l’Afrique.
Les influences multi-culturelles ont enrichi le hip-hop pour en faire une vraie culture. D’autres formes d’expression sonores et rythmiques sont apparues comme “l’Human Beat Box” ou boîte à rythme humaine : on produit avec sa gorge un son avec un rythme, le corps devient l’instrument !
Plus récemment, arrive le “slam” nouvelle forme orale de parlers populaires où on exprime des sentiments, des vécus, des idées sur la vie, la société ... la tradition orale se renouvelle et se perpétue !
(1) Interview de Chuck D, leader du groupe “Public Enemy”, Free Style, interviews de Desse et SBG, Florent Massot et François Millet éditeurs.
(2) Le terme “ragga” ou “ragga hip-hop” a été inventé par les Européens pour marquer l’évolution par rapport aux racines, le “reggae roots”, de la Jamaïque.
“La culture hip-hop”, Hugues Bazin, éditions Desclée De Brouwer.
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LE DJ’ING
Etroitement lié au rap puisque sans les Dj’s, le rap actuel n’aurait pas pu exister et se développer.
La “beat box” (boîte à rythme), le “sample” (musique mise en boucle), le “dub” (ligne mélodique) : ces nouvelles technologies sont les instruments du Dj. C’est la base sonore qui permet de donner le tempo et d’appuyer les mots.
L’art du Dj, c’est mixer le son entre deux platines ou à “scratcher”.(1) Inspiré du “toast jamaïcain”, le Dj “Kool Herc” fut le précurseur de cette discipline dans le quartier du Bronx à New-York, à la fin des années 60, suivi du Dj “Afrika Bambaataa”. D’abord des musiciens, ils étaient aussi pour leur époque des “éducateurs de rue !” et organisaient des fêtes hip-hop (block party) rassemblant rappeurs et danseurs.
C’est dans les années 80, avec l’avènement du rap que s’affirmèrent les pionniers du Dj’ing français : Dj “Dee Nasty”, Dj “Lionel D”, puis d’autres comme le Dj “Cut Killer” ...
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LA DANSE HIP-HOP
C’est la danse des “B.Boys” (Breakers Boys). Elle était le signe de reconnaissance du mouvement hip-hop avant même le rap, dans les années 70 aux Etats-Unis, avec un groupe précurseur “Rock Steady Crew”.
A l’origine, c’est l’utilisation d’espaces peu conventionnels : la rue, les gares, les centres commerciaux, les cages d’escaliers d’immeubles ... de nouveaux lieux où les défis vont se lancer (les battles). Des défis artistiques où entre des phases de danse collective, se produisent des morceaux individuels ou chaque danseur du groupe passe la main à un autre pour qu’il exécute une prestation spectaculaire, une véritable performance gymnique et dansée.
En alliant corps, esprit, espace, temps, la danse hip-hop cherche à répondre à cette tension créative générée par l’urgence.
La danse hip-hop, c’est une autre façon d’avoir une emprise sur le temps et l’espace, à l’instar des autres arts du hip-hop, c’est répondre autrement à l’oppression sociale et culturelle. Le corps est replacé au centre (figure des défis) alors que dans l’espace urbain il apparaît de manière anonyme.
La danse hip-hop a fait son apparition en France en 1982, puis à l’émission “hip-hop” en 1984 (qui ne dura qu’un an, pour des raisons commerciales) avec l’animateur Sidney, où le but était de valoriser cette pratique venue de la rue. C’était la première fois que les médias donnaient autant d’importance à une expression aussi populaire, cela ne s’était jamais vu ailleurs.
On distingue des styles et des techniques très divers, parmi eux :
Le “smurf”(1), la “hype”, le "popping", le "locking", le "boogaloo", “l'électric boogie” sont ce qu'on appelle les danses "debout", qui proposent des styles de mouvements articulés, bloqués, des déplacements ondulés, fluides (l’égyptien, le patin ...) et des techniques de mimes ; elles font partie d'un style musical : le funk (courant musical né dans les années 1960/70 issu de la soul music et du jazz rock) et sont appelées "funk style".
Le “double-dutch”(2), est une danse avec des cordes à sauter, essentiellement réalisée par des filles, donnant lieu à des compétitions.
La “break-dance”(3), c'est l'origine de la danse hip-hop. Elle est un mélange de figures acrobatiques, sans cesse enrichies par les personnes et leur propre style. Le danseur “Storm” marqua la première génération de danseurs hip-hop.
(1) “Smurf” veut dire littéralement “schtroumpf”. A ses débuts, cette expression artistique fut appelée ainsi parce que les danseurs avaient des gants blancs comme les schtroumpfs.
(2) “Double dutch” : figures acrobatiques et chorégraphiques (classique, jazz, break, gymnique, hype) sont utilisées à l’intérieur de deux cordes tournant en sens inverse à l’intérieur l’une de l’autre.
“la culture hip-hop”, Hugues Bazin, Editions Desclée De Brouwer.
(3) Danse au sol : le terme “break-dance” vient de breaking qui signifie casser.
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LE GRAFFE
TAG et GRAFFE : ORIGINES ... INFLUENCES ... MOTIVATIONS ...
Le “tag” est à l’origine du graffe !
Le tag est une signature codée marquant un territoire, souvent illisible pour les non-initiés. Il est la base de lettrage du graffe.
Le tag comme le graffe s’inscrivent dans la tradition graphique issue de l’immigration hispanique avec le “Muralisme mexicain”.
En 69, à New-York, le tagueur Cay qui écrivait son tag, en l’occurence son surnom, sur toutes les rames du métro disait : “Le nom, c’est la religion du graffiti, je regarde mon nom qui passe !”(1). Il pouvait rester ainsi des journées entières à regarder les rames de métro passer et à contempler son tag. Il indiquait ainsi une solution pour sortir du ghetto, de l’anonymat.
Lieux de prédilection du tag, le métro et autres lieux de circulation importante, en ville ou à la périphérie (autoroutes, voies ferrées ...) connurent d’autres tagueurs célèbres : Taki 183 et Julio 204, issus des minorités noires et latino-américaines.
Le tag n’est pas que du vandalisme, c’est aussi une façon d’occuper l’espace et de constituer méthodiquement un réseau. Avec la “Zulu Nation”, il va progressivement s’affranchir de ses fonctions mafieuses (guerre de gang, racket, trafic de drogue).
Les motivations des tagueurs sont diverses. C’est d’abord l’envie de communiquer, le plaisir d’écrire pour écrire, c’est un moyen de s’affirmer en tant que jeune créateur ou bien de vouloir s’opposer à ce monde (appelé Babylone par les tagueurs) où l’argent prend une importance grandissante au détriment des relations humaines.
Les tagueurs sont aussi amateurs de sensations fortes et d’aventures. L’interdit et l’illégalisme sont d’autres composantes fondamentales du mouvement tag.
“N’oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos rêves et qu’à celles-là nous obéissons sans le savoir”(2).
Comme le disait Cay, le tag procure un plaisir évident: être vu par le plus grand nombre, vouloir être le meilleur et le plus connu dans son domaine. Cela démontre bien des motivations différentes, qu’elles soient personnelles (aspect narcissique) ou sociales (besoin d’affirmer son identité, être reconnu dans son milieu, mais aussi aux yeux de la société).
(1) “Graffiti de New-York”, documents de Mervyn Kurlansky et Jon Naar, texte de Norman Mailer, Chêne.
(2) Paroles de “Van Gogh”, livre “Paris Tonkar” de Tarek Ben Yakhlef et Sylvain Doriath, Florent Massot et Romain Pillement, éditeurs.
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LE TAG, LE GRAFFE :
Un phénomène de société entre art et dégradation ...
Dans le tag, il y a des aspects en opposition :
Les tagueurs veulent s’affirmer en tant que jeune créateur, cependant ils rejettent cette société qu’ils nomment “Babylone”.
Dans le groupe(1), l’autorité du leader est symbolique, fonctionnant avec des lois internes alors que dans la société, le pouvoir du chef est subi. Les tags se réalisent la nuit, en opposition au travail qui se réalise plutôt le jour. Les tagueurs s’approprient des lieux qui deviennent privés pour eux, alors qu’ils sont publics ... Leur langage est inversé (le verlan), leur mode vestimentaire aussi (la casquette à l’envers...).
Le graffiti est aussi un régulateur de la vie sociale. A notre époque moderne, les tags abondent dans les lieux où l’oppression sociale est la plus marquée, où la vitesse des flux (activités économiques), des communications (voies de circulation) est la plus saturée et génératrice de stress.
L’état psychologique du tagueur renvoie à l’état de la société elle-même qu’elle considère comme un marginal. Ce tagueur, délégué inconscient, ne fait que traduire le langage de la société.
L’ambivalence des pouvoirs publics à l’égard des tagueurs ne fait qu’ajouter à l’incompréhension généralisée et alimente ce phénomène de société : “La RATP par exemple n’hésitera pas à combattre farouchement le tag, alors que dans le même temps elle l’utilisera en 1984 dans sa campagne “graffiti-ticket” comme vecteur de la modernité urbaine et de sa communication institutionnelle”(2).
“Le tag et le graffe” sont deux expressions artistiques à part entière. Même si le graffe est une forme plus élaborée, le tag n’est pas un art mineur par rapport au graffe, puisque tout graffeur a d’abord été tagueur; ils ont seulement des chemins et des buts différents.
Le tagueur doit taguer le plus possible, mais son style tient autant à la beauté de son travail qu’à sa production : la qualité en quantité !
(1) (1) Groupe : appelé aussi dans le mouvement hip-hop “posse” ou “crew”.
(2) “La culture hip-hop”, Hugues Bazin, éditions Desclée De Brouwer.
Rappelons, par exemple, le parcours fulgurant du graffiti artist Jean- Michel Basquiat, reconnu mondialement dans le milieu de l’art, exposa en 1981, à l’âge de 21 ans avec les plus grands artistes de l’époque : Andy Warhol (le père du Pop Art), Keith Haring (artiste aérosol), Futura 2000 et Lee (graffeurs hip-hop, artistes aérosol).
Jean-Michel Basquiat, artiste autodidacte new-yorkais, d’origine portoricaine et haïtienne, taguait sur les murs de la ville son surnom “Samo”. Le milieu “Underground”(1) de New-York et la rue lui donnèrent ses inspirations : l’usage de l’écriture est pour lui indissociable de son contexte.
“Son oeuvre est toute entière fondée sur la gestion d’un chaos ! En opérant ainsi, la picturalisation de cette parole jusqu’alors tue, Basquiat a donné à l’art du graffiti ses lettres de noblesse en le tirant de l’underground pour le porter au grand jour des musées et des galeries, c’est-à-dire à la reconnaissance d’une esthétique par le milieu de l’art lui-même”(2).
Le “graffe” est une forme plus travaillée que le tag, dans le sens où on n’utilise plus le marqueur mais la bombe de peinture aérosol. Le nom n’est plus l’essentiel mais un élément de la fresque.
Le graffe a débuté en France, à Paris en 1983, sur les palissades de chantier de la Pyramide du Louvre et celles de Stalingrad, faisant de ces lieux des passages obligés pour tous les tagueurs et graffeurs d’Europe. Les aléas du temps et les nombreuses interventions de police suscitèrent la fin de ces hauts-lieux du graffiti. Mais celui-ci renaît un peu plus tard sur le terrain de Mouton-Duvernet au sud de Paris, puis à la gare abandonnée d’Auteuil, sans compter toutes les actions sur les voies ferrées de la SNCF et de la RATP jusqu’à maintenant.
Paris fut le départ d’ un nouveau mouvement qui va s’ étendre rapidement à toutes les grandes villes européennes : Berlin, Bruxelles, Milan, Barcelone, Amsterdam, Stockholm ...
(1) ”Underground” : en anglais “souterrain”, se dit d’un mouvement, d’une production artistique qui se situe en dehors des circuits commerciaux traditionnels. Petit Larousse.
(2) “Jean-Michel Basquiat”, Musée de Marseille, éditions Seuil ( J. M. Basquiat est mort tragiquement en 1988).
Le graffe en Europe a créé de nouveaux styles. Avec le lettrage venu des Etats-Unis, le graffe va associer des personnages agressifs ou burlesques, des paysages, des couleurs. Le graffeur est le peintre de la rue.
Celui-ci trouve son inspiration, entre autres, à partir des bandes dessinées américaines (comics) ou françaises, japonaises (mangas) pour la réalisation de personnages de style figuratif.
Mais le graffe, c’est d’abord le lettrage et ses styles :
- le “block style”, premier style de lettrage inspiré du tag, aux grandes lettres carrées,
- le “throw up”, le “bubble style”, le “flop”, aux formes rondes, aux graphismes plus compliqués à réaliser,
A ces premiers styles de lettrages viennent s’ajouter le “dégradé”, la “3D”, le “out line” ou ligne extérieure, contour très marqué du lettrage, puis :
- le “semi-wild” et le “wild style” (styles sauvages) sont des styles plus élaborés encore, illisibles pour les non-initiés où flèches et lettres compliquée associent la typographie et la calligraphie japonaise ou arabe, par exemple.
Futura 2000 et Lee furent de ces premiers à importer le lettrage graffe des Etats-unis. En France Bando et Boxer sont des graffeurs de la première génération.
Le graffe c’est aussi la “fresque”. Après le travail du lettrage s’ajoute la création du personnage (propre aux Européens) et la réalisation de la fresque où écriture, personnage, couleur, paysage se mélangent pour former un tableau gigantesque. Mode 2, Popay, Jeax ont été de ceux qui ont créé un style dans ce domaine.
Le “free style” ou style abstrait a été importé des Etats-unis par Jon en 1987, repris en France par les graffes de Lokiss, alliant couleurs et formes géométriques.
“Vandales ou artistes”, les “writers”(1) n’en restent pas moins des créateurs porteurs d’une culture. S’il est considéré comme un art moderne, le graffiti ne fait qu’utiliser des techniques contemporaines. Il est le prolongement d’une pratique ancestrale. Il y a seulement quelques milliers d’années, des hommes préhistoriques peignaient ou gravaient sur les murs de Pompéï ou des grottes de Lascaux”(2).
Dans notre société évoluée, mais néanmoins violente, les cultures et le partage de ces cultures sont une solution pour la paix ! Le graffiti est plus que jamais un véritable outil d'expression. Cependant, il est encore loin d'être reconnu dans sa dimension artistique.
Dans le film “GRAFFITI IFS” (3), les graffeurs CAZOetNOD (Artistes aérosol internationaux et membres fondateurs de l’association Espace Défis) défendent des idées humanistes et universelles. Ils posent la question du devenir de l'humanité et de toutes ses richesses.
Le très fort message "Toute expression mérite d'être entendue !" que proposent ces auteurs dans ce reportage documentaire, amène à réfléchir, à mieux connaître et comprendre la culture hip-hop et graffiti. Ils donnent des explications sur les techniques de graffiti et permettent surtout, de les rendre accessibles au plus grand nombre, initiés ou non.
“Ce film construit comme un documentaire se veut réaliste sur le hip hop et ses disciplines, pour cela nous avons recueilli des interviews qui se nourrissent de tous et qui témoignent de l'intensité de ce mouvement dans les messages et dans les techniques qu'il transmet et dans l'action qu'il génère. Des moments de vérité qui ne laisseront personne insensible, ni dans le doute, mais critique, pour une vraie prise de conscience sur ce qui doit être porteur de paix, pour plus de justice, ici et ailleurs.”
“Autour de cette réflexion “Toute expression mérite d'être entendue !”, nous voulons partager notre mouvement qui fait du hip hop une culture universelle ! qui propose depuis très longtemps un esprit ouvert, libre et curieux ... C'est pour cela que tous les auteurs et ceux qui le soutiennent ont décidé de produire et de diffuser ce film indépendamment de tout monopole et d'industriels de la culture et de l’art ; pour plus de débats non élitistes, tenant compte de tous. Ce reportage amène des questions sur la place de l'artiste dans nos sociétés aujourd'hui, sur l'insertion du graffiti dans l'art contemporain, sur le phénomène de société qu'il suscite, sur sa valeur de “message”...
2006- NODETCAZO
(1) Writer : mot anglais signifiant celui qui écrit, écrivain, auteur.
(2) Paroles de Darco, graffeur, dans “Paris Tonkar” de Tarek Ben Yakhlef et Sylvain Doriath, Florent Massot et Romain Pillement, Editeurs.
(3) "Graffiti ifs” DVD en version française et anglaise - IFS451 production 2006 NodetCazo
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ET AUJOURD’HUI QU’EN EST-IL REELLEMENT DU GRAFFITI ?
Le graffiti ? Le street art ?
On pourrait traduire le
graffiti
comme un art de rue illégal, non commercial et à visée révolutionnaire. Les artistes de rues s'approprient l'espace urbain pour contester, bousculer, déranger, revendiquer, dénoncer, interroger, soutenir...
C'est un art instantané, rapide, interdit, dont le but est de faire passer un message, sans autorisation.
On s'accorde à dire que le graffiti naît véritablement dans les années 1960 aux États-Unis.
Quelques mots d’amour écrits sur des murs, tagués dans l’espace public à Philadelphie, le Graffiti writing est lancé par deux artistes Cornbread et Cool Earl et a donné naissance au graffiti.
Cette forme d'art va au-devant des gens sans qu'ils l'aient forcément souhaité. Elle permet de toucher des personnes qui n'entreraient pas dans un musée ou dans une galerie d'art.
L’esprit de rue, c’est aussi échanger, affronter ses idées à celles des autres ou simplement les diffuser. C’est là toute la beauté des œuvres urbaines en ce qu’elles sont accessibles, même si souvent éphémères.
Le graffiti est un art de rue, associé le plus souvent au vandalisme. C'est un art, qui ne pourrait être dissocié de son étiquette d'art illégal. En effet, l'art de rue est lourdement sanctionné par les lois. Le fait même de produire des oeuvres dans des lieux publics est reconnu comme un acte illégal mais le graffiti est de l'art à 100 %.(1)
(1) Kazoart blog Aux origines du Street Art.
Le street art, se traduirait par un art d'institution légal à visée économique.
Le street art
est un mouvement artistique contemporain qui regroupe toutes les formes d'art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. En français, on l'appelle « art de rue » ou « art urbain ».
La pratique du street art peut donner lieu à l'application du droit pénal à l'encontre des artistes qui le pratiquent. Toutefois, il s'agit également de l'exercice d'une liberté fondamentale d'expression et de la libre création artistique.
New York, ville berceau des street artistes, connaît un tournant en 1980. Le Maire interdit les graffitis dans la Grosse Pomme. Ce qui ne décourage pas deux artistes bien célèbres : Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. Les deux futurs géants du street art ouvrent leur propre galerie et démocratisent leur univers.
Bien que, désormais, les municipalités mènent des projets assez originaux afin de permettre la légalisation dans les espaces publics, le street art considéré autrefois comme une pratique déviante, est devenu un symbole de gentrification, d’embourgeoisement et trouve même sa place dans les musées du monde entier. Mais celui-ci maintient toujours un lien fort avec l'espace public et continue d'ouvrir le dialogue entre art et ville !
L’Origazoom est le fruit d’une maturation de mes techniques artistiques, l’aérograttage, le pochoir, le graffiti, le travail de la matière et du collage et d’idées guidées par des expériences, rencontres et échanges.
L’Origazoom est issu de mes œuvres inspirées du Street Art et du graffiti. Comme le graffiti et le street art, l’Origazoom est une œuvre éphémère lorsqu’il est exposé à l’environnement de ce monde si sensible.
L. Fixaris
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Doc. "Du Graffiti à l'Origazoom"
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